Comment construit-on un manoir néoclassique? À l’aide d’outils, de talent et beaucoup de marbre!
Dans le cadre de leur travail dans la région nord-ouest de la côte du Pacifique, les artisans de Red Leaf Group ont le privilège d’œuvrer à la construction de nombreux bâtiments d’inspiration architecturale dont un se démarque vraiment par sa particularité (et ses défis) : un manoir moderne néoclassique entièrement recouvert et décoré de marbre américain.
La construction de cette résidence privée au cœur des montagnes a exigé trois ans de travail et 60 blocs de marbre SAINT-CLAIR™. Ce projet a mis à l’épreuve les compétences et les outils de l’équipe, mais a aussi permis à celle-ci de faire montre de tout son talent avec fierté.
Aujourd’hui, nous nous entretenons avec le président Steffen Waite au sujet du projet qui, selon ses dires, est le rêve de tout artisan. Nous apprendrons comment lui et son équipe ont fabriqué et installé 435 tonnes de maçonnerie de pierre. Située à Vancouver, la société Red Leaf Group est constituée de trois entreprises : Red Leaf Stone Products qui offre savoir-faire, pierre préfabriquée, accessoires et services, Architectural Stonemasonry qui offre restauration, fabrication et installation, et Red Leaf Stone Anchors qui offre dessin technique, génie et fabrication.
On peut supposer que votre travail est surtout de nature commerciale et civile. Réalisez-vous beaucoup de projets résidentiels? Dans ce projet, le marbre est omniprésent, de l’aménagement paysager à la piscine en passant par le revêtement et les garde-corps. Ce manoir est-il le seul projet résidentiel de cette envergure que vous avez construit?
Dans la région nord-ouest du Pacifique, la majorité de notre travail, je dirais 70 %, est de nature résidentielle. Cependant, cette résidence était unique en raison de l’ampleur de ses détails classiques. On ne voit pas ce niveau d’ornementation architecturale tous les jours.
Comment avez-vous construit ce mur de pierre?
Ce mur-ci est un mur de soutènement situé à la limite nord de propriété. Un ancrage mécanique fixe la pierre à un mur en béton armé qui repose sur une semelle filante. La pierre n’est donc qu’un élément purement décoratif puisque le béton assure la tenue structurale. Il y a un vide d’air, la pierre étant fixée à des ancrages en acier inoxydable. Il n’y a aucun contact entre le marbre et le béton, ce qui élimine tout risque d’efflorescence. Apprenez-en davantage sur les ancrages utilisés ici.
Une machine à cinq axes, commandée par ordinateur, a réalisé le façonnage des montants et des couronnements, tandis qu’une scie à pont plus classique a réalisé celui des panneaux de revêtement plats.
Pouvez-vous nous présenter des particularités du soffite et du toit-terrasse que l’on voit dans la photo ci-dessus?
Cet élément était complexe en raison de l’angle oblique et du porte-à-faux. La géométrie était intense. De plus, la cavité devait être construite de façon à être aérée.
Heureusement, notre équipe de dessin technique est expérimentée et a bien collaboré avec l’architecte et le constructeur. Seul l’assemblage des dessins d’atelier détaillés a permis un travail de fabrication et d’installation précis.
Pouvez-vous nous parler du façonnage et de la sculpture des garde-corps, des colonnes et des corbeaux? Quels outils avez-vous utilisés?
Le projet compte cinq de ces corbeaux sculptés à la main. Ils sont tous l’œuvre d’Andrew Swinley, l’artisan de l’année en 2016 de la Natural Stone Institute.
Le projet comportait 450 balustres qui formaient une grande balustrade, cette dernière agissant à la fois de volées droites et de garde-corps dans les escaliers. Au début du projet, nous n’étions équipés d’aucune machine-outil à commande numérique par ordinateur (CNO). Nous avons donc converti un vieux tour de machiniste en un tour numérique maison muni de servocommandes et de commandes en langage machine de base (G-Code).
Nous avons façonné les colonnes au moyen d’une grande machine-outil à CNO que nous avons acheté une fois le projet commencé. Bien que nous pensions utiliser un tour à main initialement, l’acquisition d’un tour à CNO a simplifié les choses. Cela dit, les colonnes nécessitaient un renflement, ce qui a exigé des calculs géométriques et la programmation du tour.
Une fois façonnées, les colonnes ont subi un meulage à la main. Ensuite, elles devaient être transportées au chantier puis érigées. Nous avons eu besoin d’une grande grue mobile pour positionner les colonnes pleines au site du projet.
Pouvez-vous nous parler des artisans de la pierre qui ont travaillé avec vous? Est-il difficile de trouver des artisans qui font ce genre de travail de nos jours?
Oui, il est difficile de trouver de bons artisans de la pierre, particulièrement en Amérique du Nord. Heureusement, le Canada possède un bon bassin d’artisans qui viennent de partout dans le monde, ce qui nous a permis de tirer profit des talents de gens de l’Angleterre, de l’Irlande et de l’Europe continentale. Notre personnel jouit d’une grande influence britannique.
Les maçons qui travaillent à Red Leaf Stone sont des gens doués et talentueux. Ils ont grandement investi dans leur formation et le perfectionnement de leur art. Quelle joie de constater qu’un propriétaire veut construire une maison de style classique! Ce style ne se démode jamais et notre personnel peut se surpasser à relever le défi. La motivation est grande.
Qu’est-ce qui explique le choix du marbre SAINT-CLAIR™ de Polycor? Saviez-vous qu’il s’agit d’une pierre nord-américaine?
Quand nous avons vu le marbre SAINT-CLAIR™ pour la première fois, nous savions que cette pierre conviendrait parfaitement à la région nord-ouest du Pacifique, mais nous ignorions d’où elle venait. Nous pensions qu’elle venait du Portugal. Nous avons travaillé fort pour en trouver, en vain. À l’époque, avant l’acquisition de la carrière par Polycor, cette pierre portait le nom « Aleutian Blue Marble ». Deux producteurs affichaient des photos sur le Web sous cette appellation. De fil en aiguille, nos recherches nous ont menés en Oklahoma. Nous étions heureux de découvrir qu’il s’agit d’une pierre de l’Amérique du Nord.
Toutefois, c’est le client qui a pris la décision d’utiliser cette pierre. Le propriétaire y tenait vraiment. Le marbre SAINT-CLAIR™ s’harmonise naturellement à la région nord-ouest du Pacifique. Il est dense, il résiste au gel-dégel et ses tons de gris sous-jacents se fondent dans la silhouette de Vancouver.